(来源:《La Chine au présent》 2023-11-13)
赵永升
L’enquête de l’UE sur les voitures électriques chinoises est-elle justifiée ? Pour l’UE, elle l’est, mais pas pour la Chine. Selon une déclaration officielle de la Chine, cette enquête « se fonde uniquement sur des hypothèses subjectives concernant la manière dont les subventions présumées ont été accordées et les menaces de préjudice [...], ce qui n’est pas conforme aux règles de l’OMC en la matière ».
Cet article ne discutera pas de la question de la légitimité de cette enquête, mais examinera plutôt ce qui pousse les Européens à la lancer, et mettra en évidence les dilemmes de l’UE en ce qui concerne l’entrée des voitures chinoises sur le marché européen : dilemme entre la main invisible et la main visible, entre le besoin de technologie et l’indépendance technologique, et entre le besoin en capitaux et l’indépendance financière, entre autres.
Trois dilemmes
Premièrement, le dilemme entre la main invisible et la main visible, en l’occurrence, entre le marché et le gouvernement. En ce qui concerne la relation entre le marché et le gouvernement, les économies anglo-saxonnes sont plutôt basées sur le marché, tandis que les économies d’Europe continentale mettent davantage l’accent sur l’intervention du gouvernement. Depuis le Brexit, l’UE, tout comme les économies anglo-saxonnes, a du mal à définir précisément un rapport marché-gouvernement approprié.
Le concept de main invisible a été avancé par Adam Smith et hante encore aujourd’hui les économistes et les élus, en particulier dans le cadre de la nouvelle économie, qui inclut les véhicules à énergie renouvelable et les industries vertes. Ce dilemme devient plus difficile à appréhender lorsqu’il s’agit d’importer des voitures électriques de la Chine vers l’UE, autrement dit d’un pays économiquement émergent mais politiquement différent vers un groupe de pays économiquement avancés.
Deuxièmement, le dilemme entre le besoin de technologie et l’indépendance technologique. Dans le domaine des véhicules électriques, les deux plus grands producteurs dans le monde sont la Chine et les États-Unis. Ces deux géants sont non seulement les plus avancés sur le plan des technologies vertes, mais aussi les mieux placés en termes de marché vert.
Face à ces avantages industriels de la Chine et des États-Unis, il est compréhensible que l’UE adopte une attitude plus ou moins contradictoire, à l’égard des produits en provenance de la Chine et des États-Unis. C’est surtout après l’approbation de la Loi sur la réduction de l’inflation par le président américain Joe Biden en août 2022 que l’UE et ses États membres ont commencé à s’intéresser à ce traitement « injuste », et ont fini par adopter une version européenne de cette loi, une riposte directe de l’UE contre les États-Unis. Alors que l’UE et les États-Unis sont parvenus à un accord sur leurs différends commerciaux après de nombreux échanges, l’UE et la Chine ont encore des « divergences » dans les nouvelles économies telles que les véhicules à énergie renouvelable et les industries vertes.
Ainsi, ce dilemme peut s’expliquer par le fait que, d’une part, l’UE a besoin de nouvelles et hautes technologies chinoises dans le domaine des véhicules électriques et, d’autre part, l’UE commence à s’inquiéter de la perte de son indépendance technologique et industrielle à l’avenir si des mesures de protection « efficaces » ne sont pas prises.
Troisièmement, le dilemme entre le besoin de capitaux et l’indépendance financière. Comme les États-Unis effectuent des opérations financières en Europe depuis longtemps, même les capitaux « nuisibles » de Wall Street ne peuvent ébranler la confiance financière transatlantique. Alors que la coopération financière européenne avec la Chine au sens strict n’a débuté qu’au cours des dernières années et n’est donc pas aussi solide qu’avec les États-Unis. De plus, cette confiance financière sino-européenne a encore été fragilisée par la période COVID-19, au cours de laquelle de nombreuses transactions financières avec la Chine ont été interrompues.
Ce dilemme peut s’expliquer par le fait que, d’une part, l’UE a besoin des capitaux chinois dans le domaine des véhicules électriques et, d’autre part, l’UE commence à s’inquiéter de la perte de son indépendance financière à l’avenir si des mesures de protection « efficaces » ne sont pas prises.
Prudence face aux situations difficiles
Comment résoudre les trois dilemmes concernant les véhicules électriques chinois en Europe ?
Tout d’abord, en ce qui concerne le premier dilemme, classique et universel, il est vrai que l’économie de l’Europe continentale met davantage l’accent sur la main visible, c’est-à-dire l’intervention gouvernementale. Mais cette caractéristique n’est basée que sur la comparaison avec l’économie anglo-saxonne. Si l’on compare l’UE à d’autres régions, son économie est tout de même plus fortement régie par le marché. Il est donc important pour les députés européens d’éviter une intervention excessive dans l’activité économique, tout en laissant une marge de manœuvre suffisante à la main invisible, c’est-à-dire au mécanisme du marché.
Ensuite, pour le second dilemme, il est crucial de distinguer les technologies « nuisibles » et « inoffensives ». De nombreux éléments justifient l’inclusion des technologies chinoises de pointe dans la catégorie « inoffensive ». Ce résultat peut être justifié, par exemple, par la compatibilité des intérêts économiques et géopolitiques entre la Chine et de l’Europe.
Enfin, pour le troisième dilemme, à l’instar des technologies chinoises, il est important de distinguer les capitaux « nuisibles » et « inoffensifs ». De nombreux examens expliquent bien pourquoi les capitaux chinois appartiennent à la catégorie « inoffensive », ce qui peut aussi être justifiée par la compatibilité des intérêts chinois et européens et par les capitaux chinois déjà investis en Europe.
Pour conclure, si l’UE adopte cette attitude à l’égard des véhicules électriques chinois, les deux parties doivent se concerter afin de faire face à ces dilemmes, dans le but d’établir un mécanisme sino-européen de communication et d’évaluation fluide et durable non seulement entre le marché et le gouvernement, entre les besoins en technologies et l’indépendance technologique, mais également entre les besoins en capitaux et l’indépendance financière.
*ZHAO YONGSHENG est professeur de finances, directeur du Centre de recherche sur l’économie française, et chercheur à l’Académie d’innovation et de gouvernance globales de l’Université de l’économie et du commerce international (UIBE).
(作者系对外经济贸易大学法国经济研究中心主任、全球创新与治理研究院研究员)
附:原文链接
http://french.beijingreview.com.cn/Economie/202311/t20231113_800348742.html